Ce 30 avril, Beatrix, la reine des Pays-Bas (pourtant au sommet de sa popularité) abdique et cède le trône à son fils, le prince Willem-Alexander. Par le passé, ce prince plutôt rondouillard et sympathique était appelé « Prins Pils », du nom de la bière Pils dont il était un grand consommateur. Le prince a gagné ses galons de prince « sérieux » en épousant une Argentine qui avait pourtant fait scandale en son temps. On reprochait à son père d’avoir été ministre du dictateur argentin Videla. Aujourd’hui, le scandale est oublié et beaucoup voient en Máxima une femme volontaire et dotée d’un solide sens des affaires, le premier atout de la monarchie néerlandaise.
Cette abdication intervient quelques semaines après celle de Benoît XVI. La popularité subite et immense du pape François a déjà fait oublier le coup de tonnerre qu’a représenté cette décision rarissime d’un locataire du trône de Pierre. En Belgique, des fuites récentes et autorisées laissent entendre que le roi Albert II abdiquera après la célébration du vingtième anniversaire de son règne cet été. Il faut dire qu’on annonce une crise politique majeure après les élections de 2014 qui devraient voir un triomphe des nationalistes « modérés » flamands. D’autres bruits venus cette fois de Madrid laissent entendre que le roi Juan Carlos sera contraint de céder le trône à son fils suite à la succession de scandales financiers et sexuels qui touchent la famille royale et mettent en péril l’institution monarchique.
Bref, de tous les coins de l’Europe royale, les couronnes s’agitent. La question de l’abdication n’a jamais été posée avec autant d’acuité et de récurrence. Alors que la reine d’Angleterre célèbre ses 61 ans de règne, est-il encore possible d’imaginer aujourd’hui une incarnation à vie du pouvoir ?
La question mérite vraiment d’être posée. Élisabeth II est une souveraine sacrée qui tient son pouvoir de Dieu, contrairement à la plupart de ses collègues qui sont rois par l’expression de la volonté populaire et de la représentation nationale. Dès lors, l’abdication est-elle un progrès ? Une mise au diapason avec la société civile où chacun jouit d’un droit légitime à la retraite ? Ou bien est-elle, au contraire, une forme de démission face à une charge devenue trop lourde au fil des ans ? Une chose est sûre : si la royauté et la papauté prennent l’habitude de la retraite anticipée, elles finiront par ressembler de plus en plus aux républiques avec leurs chefs d’État en CDD.
Patrick Weber, le 29 avril 2013
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