Le pape est arrivé lundi à Rio de Janeiro pour les 28e Journées mondiales de la jeunesse. La« success-story » JMJ en laisse plus d’un perplexe.
Dans la tête de nombre d’observateurs, il était entendu que ce grand mouvement devait doucettement disparaître avec celui qui lui avait donné la première impulsion : Jean-Paul II. Un homme charismatique qui suscitait l’enthousiasme, un moment festif et convivial qui permettait de vivre une expérience mystique, porté par une foule joyeuse, en communion avec tout un tas de nouveaux amis, tout cela, n’est-ce pas, relevait plus de l’émotion qui passe que de la raison qui dure. On était bien tranquille : sitôt rentrée à la maison, cette foule-là oublierait ce qui l’avait portée à l’autre bout du monde et ne reviendrait pas pour autant s’asseoir le dimanche sur les bancs froids des églises sombres entre deux têtes grisonnantes, dont les messes sont à celles des JMJ, sur l’échelle« festivité », ce qu’un déjeuner de Vendredi saint est à un réveillon de Noël. On pouvait continuer à dire que l’Église était une institution vieillissante qui perdait des ouailles tous les jours.
Sauf que l’homme charismatique qui suscitait l’enthousiasme est parti, les JMJ sont restées. Celui qui lui a succédé — intellectuel discret et âgé, que rien ne prédisposait à séduire les jeunes —, loin de tarir la source, a lui aussi apporté sa pierre à l’édifice : au « moment festif et convivial », dont d’aucuns trouvaient la liturgie « folklo » et quelques accents syncrétiques, tout axé vers la manifestation extérieure, Benoît XVI a apporté un supplément de vie intérieure. À Madrid, lors des JMJ de 2011, un million et demi de jeunes se sont agenouillés derrière lui, en prière silencieuse devant le Saint-Sacrement. Ainsi que le souligne Christophe Dickès, auteur du Dictionnaire du Vatican, le mot souverain pontife, qui vient du latin« pontifex », c’est-à-dire « le pont » entre la terre et le ciel, a pris ce soir-là tout son sens.
Comme si, dans ce travail des âmes, Jean-Paul II avait été le bûcheron qui abat le gros-œuvre et Benoît XVI l’ébéniste qui cisèle les contours. « N’ayez pas peur », avait dit Jean-Paul II au début de son pontificat. « N’ayez pas peur d’être catholiques », a rajouté Benoît XVI — en français — lors de la clôture des JMJ à Madrid. Au vu des événements de cette année, la génération JMJ l’a pris au mot.
Quelle sera la marque propre du nouveau pape ? Difficile à dire. Mais cette fois encore, près de deux millions de fidèles (dont une importante délégation française, endeuillée sur la route par le décès accidentel d’une jeune fille, Sophie) attendent de pied ferme leur pape. Cet enthousiasme endurant qui, année après année, ne se dément pas, montre qu’il y a dans cette démarche quelque chose de plus profond que le seul charisme d’un homme ou que l’excitation ponctuelle de se retrouver entre jeunes.
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