Le "Frankenburger" avait déjà fait beaucoup parler de lui la semaine dernière. Mais jusqu'ici, tout n'était que spéculation sur ce fameux steak de synthèse. Il fallait attendre ce lundi 05 août pour savoir quel goût peut avoir cette oeuvre d'un scientifique néerlandais de l'université de Maastricht, Mark Post. Cette pièce de viande créée in vitro à partir de cellules souches de vache a été cuisinée et servie à Londres. La dégustation s'est faite en direct à partir de 11h30 GMT.
Les deux gouteurs choisis spécialement pour l'occasion avaient intérêt à le savourer : du haut de ses 142 grammes, le steak a coûté pas moins de 250 000 euros. Il s'agissait d'une Autrichienne "chercheuse en tendances culinaires" et de l'auteur américain d'un livre sur "les goûts de demain". Verdict : "goût assez intense", "même texture" et un profil général "proche de la viande" malgré un "manque de gras" certain. Il aura fallu en tout six semaines pour le fabriquer à partir de 20.000 minuscules tranches de viande cultivées en laboratoire.
Des avantages écologiques et éthiques
"Notre burger est fabriqué à partir de cellules du muscle prélevées directement sur la vache. Il faut qu'il ait la même apparence, la même consistance et, on l'espère, le même goût que le vrai", précise Mark Post dans la vidéo ci-dessous. Les scientifiques y ont ajouté de la chapelure, du sel, de la poudre d'oeuf ainsi que du jus de betterave et du safran pour la couleur. À terme, les chercheurs espèrent réitérer cette expérience pour pouvoir créer de la viande à volonté, sans conséquence pour l'environnement.
Car l'élevage industriel a un impact non négligeable pour la planète : elle pollue, demande de grosses quantités d'eau, émet des gaz à effet de serre et mobilise 70% des terres agricoles mondiales."Dans vingt ans, on pourra avoir dans nos supermarchés deux produits ayant exactement le même goût et la même apparence. L'un provenant de la vache qui comportera une écotaxe et impliquera que des animaux aient été tués. L'autre venant du labo sans que personne n'ait eu à souffrir et potentiellement moins cher", affirme Mark Post.

Or, avec l'augmentation de la population mondiale, la demande en viande va doubler dans les quarante ans qui viennent. "Aujourd'hui, nous utilisons 70% de nos capacités agricoles pour la production de viande. On comprend bien pourquoi il nous faut trouver des alternatives", souligne le scientifique qui se base sur les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Son équipe et lui table sur un début de commercialisation d'ici dix à vingt ans. Reste à savoir si cette "viande" sera assez bonne pour convaincre les plus carnivores.