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Le bilan carrément mauvais de Delanoe

Paris devrait atteindre le seuil symbolique des 20% de logements sociaux début 2014. De quoi ravir la majorité socialiste qui crie sur tous les toits qu’elle a « fait beaucoup » et notamment opéré « un rattrapage extraordinaire en [la] matière ». Anne Hidalgo ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle propose dans son programme un objectif de 30% de logements sociaux à l’horizon 2030. Un gage donné au Parti Communiste en échange de son ralliement dès le premier tour.

Pourtant pour des associations, au premier rang desquelles le collectif des « Mal-logés en colère », dénoncent le bilan carrément « mauvais » de la mandature Delanöe. La droite, elle, fulmine contre une politique de captation de tous les logements sur le marché, avec comme conséquence une hausse des prix de l’immobilier à Paris. Pour tenter de démêler le vrai du faux, StreetPress s’est penché sur les chiffres et a compulsé les rapports que personne ne lit jamais.

1Delanoë a-t-il fait mieux que son prédécesseur ?

Comme le répète en boucle Anne Hidalgo, la majorité actuelle a-t-elle vraiment opéré « un rattrapage extraordinaire » ? En 11 ans de gouvernance socialiste (de 2001 à 2012), 61.670 logements ont intégré le parc socialrapporte l’Atelier Parisien d’Urbanisme. Un chiffre qui comprend aussi bien le neuf que la réhabilitation et le public comme le privé conventionné. Au total, Paris compte aujourd’hui 200.993 logements sociaux, soit 27% de plus qu’à l’arrivée de Bertrand Delanoë aux manettes.


Difficile par contre de comparer avec la mandature de Jean Tiberi – maire de 1995 à 2001, puisque ni la mairie de Paris, ni l’APUR n’ont de chiffres pour cette période. Infos ou intox : Jean Tibéri revendique « 15.000 logements financés » et « plus de 8.000 réhabilités » en 6 ans. On sait d’ailleurs l’actuel maire du 5e très attaché au logement social : il a été un temps président de l’Office HLM de la ville de Paris, ce qui lui valu quelques soucis judiciaires (qui se terminèrent par un non-lieu), mais là n’est pas la question…

Promesses : Anne Hidalgo promet 10.000 nouveaux logements par an avec l’objectif d’atteindre les 30% de logements sociaux en 2030. Pour remettre sur le marché une partie des logements inoccupés, Ian Brossat compte sur l’aide du gouvernement : « Nous espérons qu’il mette en place une taxe sur les résidences secondaires à Paris ». Un peu plus de 80.000 logements seraient concernés. Par ailleurs, l’élu communiste espère également une hausse « très sensible » de la taxe sur les logements vacants (TLV).

2Est-il plus facile d’obtenir un logement social aujourd’hui ?

« La situation des mal-logés ne fait qu’empirer », affirme Laïla militante du collectif des « mal-logés en colère ». Les chiffres semblent lui donner raison : en 2001 un peu plus de 100.000 personnes attendaient un logement social à Paris. Ils sont près de 140.000 en 2012. En clair, la municipalité n’arrive pas à suivre le rythme et les délais d’attente se font de plus en plus longs. Certains cas sont mêmes extrêmes : 5,5% des demandeurs attendent depuis plus de 10 ans !

Autre problème : les logements construits ne sont pas adaptés à la demande.Près de 70% des demandeurs ont un revenu qui leur donnerait droit à un logement « très social » (PLAI) mais à peine un quart des HLM créés par les socialistes entrent dans cette catégorie. Et 2012 décroche la palme : à peine 22% de logements « très social » contre 48% à destination de la catégorie la moins défavorisée (PLS) des bénéficiaires potentiels. Très concrètement pour bénéficier d’un logement « très social », un couple sans enfant ne doit pas gagner au total plus de 1.705 euros par mois, contre 3.693 euros pour un « PLS ».

Promesses : Ian Brossat, le porte-parole communiste d’Anne Hidalgo, ambitionne de mieux répartir le type de logements sociaux construits.
« Pour moi l’idéal serait de construire un tiers de chaque. » Avant de concéder que « ce n’est pas encore calé avec les socialistes ». Aucun engagement clair en la matière, donc. D’autant qu’Anne Hidalgo promet de ne « pas oublier les classes moyennes » dans son programme de logements à loyers modérés.
Nous espérons une taxe sur les résidences secondaires à Paris













La situation des mal-logés ne fait qu’empirer














Ce n’est pas encore calé avec les socialistes

3Le logement social est-il mie
ux réparti géographiquement ?

Du côté socialiste on argue que construire trop de logements « très social » nuirait à la « mixité sociale ». « Ca revient un peu à dire que les pauvres puent cette espèce d’idéologie de la mixité sociale », commente Laïla, du collectif des « mal-logés en colère ».

La géographie du logement social à Paris bat en brèche l’idée d’une mixité. Près de la moitié des HLM se concentrent sur trois arrondissements (13e, 19e et 20e). Un rapport de la Chambre régionale d’Île-de-France daté de 2010 montre même que dans les dix arrondissements les plus déficitaires (du 1er au 9e et 16e), l’écart par rapport à la moyenne parisienne s’est accru. En clair, la majorité socialiste construit plus là où il y en a déjà beaucoup.

Promesses : Selon les socialistes le problème principal réside dans le coup du foncier, élevé dans ces arrondissements et le manque de terrains disponibles. Ian Brossat charge « la droite qui freine tous les projets et multiplie les recours dans ces arrondissements. » Il promet cependant un rééquilibrage au cours de la prochaine mandature.

4La politique de Delanoë a-t-elle fait monter les prix de l’immobilier ?

Les prix à la vente n’en finissent plus de monter, ou presque, entraînant une hausse des loyers. En dix ans, le prix du mètre carré a plus que doublé. Seule l’année 2008 échappe à la hausse effrénée. Mais peut on en imputer la responsabilité à la gauche ? D’après l’Insée, l’augmentation du foncier a démarré dès 1997, soit quatre ans avant l’arrivée de la gauche aux manettes.

Promesses : La candidate socialiste souhaite créer une agence immobilière « publique-privée ». En échange de garanties contre les loyers impayés, les prix de location devraient être inférieurs aux prix du marché.

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