Le message de Christiane Taubira a manifestement été reçu 5 sur 5. En plein marasme insécuritaire, drôles d’images que celles qui nous sont parvenues de Montmédy dans la Meuse. On peut y voir des détenus effectuer un « Harlem Shake », cette danse consistant à improviser en trente secondes des mouvements déstructurés avec des gais lurons masqués. Mariages, casernes de pompiers ou encore écoles, cette mode a donc infiltré une de nos prisons françaises.
Si le côté « bon enfant » peut évidemment prêter à sourire, on peut en revanche s’étonner de voir de pareilles images en direct de nos prisons. Outre la question soulevée des complicités (qui a fourni les téléphones portables et les vestes d’uniforme de gardien ?), on ne peut que constater la déliquescence de l’autorité de l’État, une fois de plus. Si notre pays ne se trouvait pas dans un tel état de délabrement sécuritaire, on pourrait juste se dire que certains employés de l’administration pénitentiaire agissent avec beaucoup de légèreté mais cela intervient dans un climat particulièrement dégradé.
Alors que l’actualité a dirigé les projecteurs coup sur coup sur deux bijoutiers excédés par des braqueurs multirécidivistes, on ne peut que faire le rapprochement avec un discours qui déresponsabilise de plus en plus les criminels. Loin de moi l’idée d’affirmer que tous les protagonistes de cette vidéo sont des bandits de grand chemin (après tout, en France, on risque davantage de prison pour des impôts non payés que pour un viol), mais il n’en demeure pas moins qu’à l’heure où on essaie de calmer nos concitoyens en leur disant que l’État est là pour assumer ses fonctions régaliennes, ces derniers peuvent légitimement se demander si les discours sont en accord avec les actes.
Cela montre une nouvelle fois que nos prisons sont des passoires. Certes, cette fois-ci il ne s’agit « que » de téléphones portables, mais pour cette vidéo, combien de trafics de drogue, d’armes ? Comment redonner confiance dans notre système carcéral qui souffre pourtant déjà d’un manque cruel de places ? Difficile également de ne pas faire le parallèle avec le message de madame Taubira. À force de dire que les détenus sont des victimes du système, que la prison ne résout rien et qu’au fond « ce n’est pas grave », il ne faut pas s’étonner que des détenus prennent ce message au pied de la lettre. Alors que le passage par la case prison est censé proposer une réhabilitation par la coercition, par la privation et par la mise à l’écart de la société, la réalité nous explose au visage : les prisons françaises sont en fait des lieux où on peut s’aménager des moments de déconne, des lieux où on peut choisir son menu à la carte comme le témoigne la récente controverse sur les menus halal.
Le fait est qu’aujourd’hui la prison, quand on y va, fait rire. Pas tout le monde, car pour vous ou moi, ce sera un supplice, un purgatoire, mais les délinquants aguerris, ceux-là même que madame Taubira veut chouchouter et excuser, n’en ont plus peur. La République ne fait plus peur, la République n’est plus respectée.
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