PARIS (Reuters) – Le premier séminaire des députés socialistes depuis l’élection de François Hollande, il y a presque un an, se tient lundi dans un climat tendu, plusieurs parlementaires estimant ne pas être assez écoutés et demandant un changement de cap.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doit intervenir lundi après-midi dans le cadre de ce séminaire au moment où la contestation de la politique économique et budgétaire du gouvernement gagne du terrain et où l’exécutif a atteint un record d’impopularité sous la Ve République.
Il sera accompagné de plusieurs de ses ministres.
Pour Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, il y a un « message politique » à faire passer à l’exécutif.
« Ce que l’on attend de l’exécutif, c’est un discours plus fort, qui se projette vers l’avenir, qui assume plus ce que nous sommes », a-t-il dit lundi sur Canal +.
« On a du mal à dire à quel point notre pays est en état de faiblesse. La gauche n’avait pas mesuré à quel point l’outil industriel du pays était dégradé. On n’assume pas complètement cette réalité », a-t-il ajouté.
La réunion des 293 députés du groupe PS et apparentés, qui se tient à huis clos, ne doit servir qu’à « fluidifier le fonctionnement avec le gouvernement », assure dans Le Parisien Thierry Mandon, porte-parole des députés socialistes.
Mais la contestation monte au PS, où l’on estime que l’opinion de comprend pas l’action du gouvernement. Plusieurs parlementaires demandent des réunions plus fréquentes avec le président, pour lui faire remonter ce qu’ils entendent sur le terrain.
« REDONNER LA PAROLE AUX PARLEMENTAIRES »
Malek Boutih, député de l’Essonne, dénonce l’importance accordée aux « experts » et aux « technos » dans le gouvernement, et appelle l’exécutif à redonner la parole aux élus.
« L’argument selon lequel il n’y aurait qu’une seule politique possible n’est pas recevable », dit-il lundi dans Le Parisien.
« Nous ne sommes entendus aujourd’hui qu’à travers la lutte contre les déficits. Comme si le discours des experts se suffisait à lui seul. Il faut redonner la parole aux parlementaires. »
Dans un entretien accordé en janvier à Reuters, Emmanuel Maurel, figure de l’aile gauche de PS, déplorait également « l’incroyable poids de l’énarchie » dans le gouvernement.
L’aile gauche du PS demande depuis plusieurs mois déjà une « inversion des priorités » et une politique de relance, mais son discours gagne désormais du terrain dans le parti.
Trente-cinq députés socialistes se sont récemment abstenus lors du vote du texte sur la sécurisation de l’emploi, porté par le ministre du Travail Michel Sapin et contesté par plusieurs syndicats.
La politique économique n’est pas le seul sujet qui divise le parti. Le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, s’est en effet illustré ces dernières semaines en menant la fronde contre le projet de publier le patrimoine des parlementaires.
Dans Le Monde de dimanche-lundi, le député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit a dénoncé une « paresse de la gauche ». Une analyse que Jean-Marie Le Guen ne rejette pas.
« Ça fait 20 ou 30 ans qu’il y a une espèce de paresse intellectuelle », a-t-il dit sur Canal+. « La dénonciation du libéralisme sert absolument à toute analyse, c’est un petit peu léger. »
Mi-avril, le Conseil national du Parti socialiste s’est déjà tenu dans un contexte houleux, avec l’irruption d’une cinquantaine de salariés de PSA. Une « piqûre de rappel salutaire », jugeait alors la gauche du PS.
Mais Jean-Marc Ayrault a exclu tout changement de cap économique et budgétaire.
Chine Labbé, avec Emile Picy et Patrick Vignal, édité par Yves Clarisse
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